aujourd'hui, je t'ai engendré
Chose promie, chose due. Ce billet abordera cette phrase -quelque peu énigmatique- de l'évangile du baptême du Christ : « aujourd'hui, je t'ai engendré ».
Chose promie, chose due. Ce billet abordera cette phrase -quelque peu énigmatique- de l'évangile du baptême du Christ : « aujourd'hui, je t'ai engendré ».
Christine Clerc, chroniqueuse de Marianne 2, tire plus vite que son ombre et en tout cas plus vite que tout le monde les leçons de la béatification de Pie XII1 et annonce haut et fort que, je cite, « la béatification de Pie XII [l']a rendue athée ». La journaliste relate d'abord son parcours -heureux- à l'école catholique puis sa découverte du christianisme comme système de pensée et principe d'action sociale. Puis liste un certain nombre de raisons qui la conduisent à claquer la porte de l'Église. Trois points me touchent particulièrement.
Je ne veux garder que cette phrase de l'évangile du jour : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Le chapitre suivant de l'évangile de Luc mettra Jésus face à la tentation. Et le diable lui « si tu es le Fils de Dieu » change ces pierres en pain, jette-toi du haut du temple, etc. Il omettra systématiquement un terme, celui de « bien-aimé ». Dès lors que nous doutons de la bienveillance de Dieu pour nous et de la confiance qu'il nous accorde en nous faisant libres de Le choisir, nous sommes perdus.
Le battage médiatique autour de la proclamation des vertus héroïques de Pie XII et la controverse autour de sa possible béatification révèle un contre-sens total de notre société par rapport à la sainteté. Un exemple flagrant en est ce billet de Philippe Bilger1 qui, s'il reconnaît que l'attitude de Pie XII avait pour but de privilégier l'action concrète -et discrète- à la prise de parole ostentatoire et inefficace2, soutient toutefois que le rôle d'un Pape est plus d'incarner la "pureté surhumaine d'Antigone" que le pragmatisme de Créon. Esprit retors, le haut magistrat cite avec délectation comme exemple à suivre.. le Pape Benoît XVI qui en signant ce décret, agit selon ses convictions en ignorant la critique.
En réaction à la levée de l'excommunication accompagnée des propos de Mgr Williamson, La Vie avait lancé un dossier-débat intitulé « qu'est-ce qu'être catholique aujourd'hui ? ». Il y a quelques semaines, c'est sur Anuncioblog qu'était publié un article au titre similaire, quoique le contenu en fût fort différent, rebondissant sur la lettre adressée par l'évêque de Providence à P. J. Kennedy pour l'inviter à se demander s'il appartenait encore à l'Église. Le 28 décembre, c'est la publication par La Croix d'un sondage sur le "catholicisme en 2009" qui attire mon attention et me pousse à oser la question « être catholique, est-ce encore être chrétien ? »
Il ressort de l'étude 64% des français se disent en effet catholiques, tandis que seuls 4.5% vont régulièrement à la messe (résultats en ligne avec les études précédentes). Aussitôt publiée, aussitôt commentée... et qui Le Point invite-il pour se livrer à cet exercice ? Je vous le donne en mille, Christian Terras1. Surprise mêlée d'Irritation.
Surpris d'abord, non pas du contenu de l'entretien, car je connais le discours du bonhomme par coeur, mais surpris que ce soit la seule personne que Le Point ait trouvé pour réagir : nul évêque, nul responsable de communauté (ancienne ou nouvelle). Bref : l'Église serait-elle une sorte de société secrète qu'il serait si difficile d'obtenir l'avis d'un insider ? Pas du tout : les églises sont sur les places de tous les villages. Irritation ensuite, justement parce que nous, catholiques, sommes en train de louper une occasion d'exprimer ce qu'est le catholicisme. Terras, qui ne fête probablement pas la nativité, toujours à l'affût d'un coup médiatique, même un 28 décembre. Tandis que nous, à peine sortis de l'Avent, nous sommes déjà incapables de veiller. Bref, trêve d'introduction, je me suis dit que je me devais de dire un mot de cette enquête et de ses résultats.
Nous fêtons demain la fête de la Sainte Famille et je voudrais évoquer cet amour dont Dieu nous a comblé, qui fait de nous ses enfants. Toute famille repose sur deux piliers (complémentaires et répartis, différement dans chacune, entre le père et la mère) : l'amour et la loi. Nous connaissons tous ces familles chez qui l'amour a disparu et pour qui la loi devient un cadre abstrait, vite intolérable par sa rigidité ; nous connaissons aussi celles qui, ayant renoncé à la loi, ont beaucoup de mal à vivre l'amour. C'est l'amour que les parents ont pour leurs enfants qui les conduisent à leur donner des règles qu'ils pensent justes ; c'est l'amour des enfants pour leurs parents qui les conduisent à les suivre.
Selon là où l'on participe à la messe de Noël, la mangeoire peut prendre des sens complètement différents (quoique pas nécessairement opposés), selon l'interprétation qu'en font la communauté chrétienne et son pasteur : les tenants d'un socialisme chrétien y voient une illustration de l'appel à soutenir les pauvres, parfois dans la lutte des classes1 et fustigent la richesse des tabernacles qui demeurent dans nos églises ; d'autres n'y voient qu'un facheux incident, atteinte à la dignité du Christ, qu'il s'agit de corriger (dans une liturgie toujours plus enrichie, donc). Je crois que ces deux positions, a priori incompatibles, peuvent se réconcilier si l'on contemple la mangeoire comme le premier tabernacle.
Ce billet n'a que peu de lien avec le reste du site, puisque je vais y parler de philosophie politique, mais vous verrez que la théologie n'est pas loin. Je regardais ce soir le journal télévisé. L'unique actualité du jour (c'est vous dire si le monde va bien) était le blocage de l'Eurostar du fait des intempéries : certains passagers ont passé 18h à attendre tandis que d'autres, plus nombreux, n'ont jamais pu embarquer. Le sujet peut sembler anodin, voire dérisoire. Cependant, les réactions que ces disfonctionnements ont suscité m'interpellent profondément.
L'Eglise propose à ses fidèles de vivre le sacrement de la réconciliation, autrefois appelé confession, au moins une fois par an, ajoutant souvent que l'Avent et le Carême y sont particulièrement propices. Or, si le Carême correspond bien -à tort !- dans l'imaginaire de nos contemporains à une période propice à l'auto-flagellation, ils ont du mal à faire rentrer l'Avent et la joie de Noël dans ce tableau. La lecture de ce dimanche pourrait bien nous éclairer...
J'ai longuement hésité avant d'écrire ce billet. Parce que j'aime l'Eglise et que je sais qu'un nouvel assaut médiatique causera sans doute à ses fidèles quelques souffrances ; parce que j'aime les prêtres, que je mesure la beauté du don de leur personne et la souffrance qu'il y a à se voir implicitement considéré comme un danger potentiel ; parce que je ne veux pas être de ceux qui jettent la pierre -même la seconde- parce que je sais qu'il n'y a rien de pire qu'une condamnation désinvolte.