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Baptisés dans l'unique Esprit pour former un seul corps

Baptisés dans l'unique Esprit pour former un seul corps

Publié par Incarnare le dimanche 24/01/2010 - 00:14 - Blog

L'Église "corps du Christ" fait partie de ces images qui, bien que censées épicer notre foi, ne font bien souvent qu'affadir la soupe homilétique de certains de nos -cependant aimés- curés. C'est l'inconvénient d'une culture chrétienne très riche : cédant à la tentation du zapping, nous risquons souvent de créer des lieux communs théologiques. Je me suis dit un jour, entendant un prêtre parler devant un public assoupi du Christ "exégèse du Père", qu'il faudrait que j'en fasse un dictionnaire1

Un corps concret, incarné.. et bien vivant ! 

Cette semaine, cependant, l'Église va peut-être nous empêcher de nous flatter de théologie conceptuelle en nous ramenant à des réalités concrètes : elle nous invite en effet à réfléchir sur l'unité des chrétiens. Quoi de plus concret ? Aujourd'hui, tout en conduisant, je me demandais, dans la perspective de cette semaine de prière, ce que cela voulait dire pour moi. C'est l'autoradio, alors branché sur Radio Notre-Dame / Fréquence Protestante, qui a commencé à m'apporter la réponse.

Les journalistes évoquaient le rôle de la Cimade, qui vient chaque jour en aide aux réfugiés politiques et demandeurs d'asile -assez mal traités par l'état- en leur rendant visite, mais surtout en leur fournissant une aide juridique dont la qualité est justement et unaniment reconnue, même par les pouvoirs publics2. Eh bien figurez-vous que cette Cimade est une émanation de la Fédération Protestante de France, qui a tout bonnement pris le Christ au sérieux et au pied de la lettre quand Il disait « j'étais étranger, et vous m'avez accueilli [...] ; j'étais en prison et vous êtes venus vers moi »3.

"A toute époque, à la vérité, et en toute nation, Dieu a tenu pour agréable quiconque le craint et pratique la justice" dit le catéchisme4. Tous, lorsque 'ils donnent (un peu de) leur vie pour leurs frères, sont bénis du Père. Les protestants de la Cimade vont plus loin : ils voient dans le pauvre, dans celui qui souffre, l'étranger, le Christ. Ils reconnaissent que c'est par amour du Christ qu'ils prennent soin de leurs frères.

Un corps souffrant

Peut-être avez-vous déjà eu une migraine ophtalmique.. on a dans ces cas-là envie de s'arracher l'oeil ou de se jeter la tête contre le mur pour que ça cesse mais on se raisonne, car l'on connaît la valeur de notre oeil et de notre tête. Nous aussi -quelle que soit notre sensibilité- avons pu cette année, à telle ou telle occasion "avoir mal à l'Église". On a pu être tenté par le rejet de l'autre. Jean-Paul II nous a montré qu'on ne peut être coureur de fond en courant avec un seul poumon ; Benoît XVI prend soin d'une infection pour qu'elle ne devienne pas nécrose puis gangrène. A nous revient l'unique responsabilité de ne pas remuer le couteau dans la plaie. 

Laïcs et clercs ; tradis et charismatiques ; catholiques et protestants ; hommes et femmes ; dominicains et jésuites :p... Notre esprit, habitué à procéder par séparation, formaté au thèse-antithèse, nous pousse à jouer la carte de l'opposition, à alimenter les antagonismes et nourrir les dissensions. Rappelons-nous que ce 'et ' doit signifier pour nous par, avec et en.

Le Christ à la tête

Il ne s'agit pas là, pour l'un ou l'autre de se réclamer du Christ, pour se justifier face à autrui en disant "j'ai le Christ avec moi, tu es dans l'erreur". Mais quand le bateau tangue, il faut garder les yeux sur un point fixe. Notre unique point fixe, c'est le Christ. Tout a été fait par Lui, avec Lui et en Lui. Gardons les yeux rivés sur Lui et remettons-Lui les membres malades, les membres plus faibles. Ecoutons Saint-Paul dans la lecture de demain5.

  L'oeil ne peut pas dire à la main : « Je n'ai pas besoin de toi » ; la tête
ne peut pas dire aux pieds : « Je n'ai pas besoin de vous ».

Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont
indispensables. Et celles qui passent pour moins respectables, c'est elles que nous
traitons avec plus de respect
; celles qui sont moins décentes, nous les
traitons plus décemment ; pour celles qui sont décentes, ce n'est pas nécessaire.

Dieu a organisé le corps de telle façon qu'on porte plus de respect à ce qui en est le plus
dépourvu : il a voulu qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les
différents membres aient tous le souci les uns des autres.

Saint-Paul a donné l'intuition aux Corinthiens, et il a confié aux Romains6 le programme :

  Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable.
Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun. Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres.

Puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée,
que celui qui a le don de prophétie l’exerce selon l’analogie de la foi;
que celui qui est appelé au ministère s’attache à son ministère;
que celui qui enseigne s’attache à son enseignement,
et celui qui exhorte à l’exhortation.
Que celui qui donne le fasse avec libéralité;
que celui qui préside le fasse avec zèle;
que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec joie.

Que la charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur; attachez-vous fortement au bien.
Par amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres; par honneur, usez de prévenances réciproques.
Ayez du zèle, et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur.
Réjouissez-vous en espérance. Soyez patients dans l’affliction. Persévérez dans la prière.
Pourvoyez aux besoins des saints. Exercez l’hospitalité.
Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas. 
Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent; pleurez avec ceux qui pleurent.
Ayez les mêmes sentiments les uns envers les autres.
N’aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble. Ne soyez point sages à vos propres yeux.

 
 

 
 

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La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).