Rapide comme l'est Clerc
Christine Clerc, chroniqueuse de Marianne 2, tire plus vite que son ombre et en tout cas plus vite que tout le monde les leçons de la béatification de Pie XII1 et annonce haut et fort que, je cite, « la béatification de Pie XII [l']a rendue athée ». La journaliste relate d'abord son parcours -heureux- à l'école catholique puis sa découverte du christianisme comme système de pensée et principe d'action sociale. Puis liste un certain nombre de raisons qui la conduisent à claquer la porte de l'Église. Trois points me touchent particulièrement.
Tout d'abord, C. Clerc se prétend "poussée vers la sortie". Ce positionnement très subjectif m'intrigue : plutôt que d'assumer clairement qu'elle s'éloigne des positions de l'Église sur un certain nombre de sujets et d'en tirer les conséquences, elle affirme que le satellite ecclésial a quitté l'orbite de son point de vue nombrilo-centré et que finalement c'est l'Église qui l'a quittée et non l'inverse. Cette façon de présenter les faits transpire la mauvaise conscience.
Ensuite, la conclusion : Clerc envisage de se faire -au choix- soit protestante, soit athée, soit bouddhiste. Comme si les trois étaient identiques : soit elle a une relation personnelle avec Jésus-Christ et un conflit avec l'institution ecclésiale devrait la pousser vers le protestantisme, attitude que -sans la partager- je pourrais comprendre, soit elle n'en a pas, et il faut alors convenir qu'elle n'est pas "devenue athée", mais qu'elle constate simplement qu'elle l'a toujours été. L'article est illustrée par un homme dont le t-shirt proclame "no God, no problem". Autant je peux comprendre un "no Church, no problem", de la part de quelqu'un qui n'aurait aucune notion d'ecclésiologie, autant refuser Dieu parce qu'avoir foi en Lui me semble douteux : ne nous a t-il pas dit que nous serions persécutés en son nom ? Comment pourrions nous nous dire surpris ?
Enfin, les arguments invoqués par Clerc. Si l'on creuse un peu, on en voit un qui revient sans cesse dans l'article, et je veux bien croire que ça a été le point d'achoppement du parcours spirituel de C. Clerc : la question de l'avortement et de la contraception. Je ne répondrai pas point par point à son discours, mais je veux noter cette phrase, caractéristique : « l'interdit de la contraception ne figure pas dans l'évangile ».
Il y a un grand nombre de questions auquel l'évangile ne répond pas texto. Par exemple, il ne dit pas s'il est moral ou non de vendre de la cocaïne ou d'aller faire la guerre en Iraq. Cela n'empêche pas que ces questions ont une dimension morale et qu'une bonne relation au Christ par la compréhension (qui passe nécessairement par la pratique) des Écritures induit nécessairement quelques réflexions sur ces sujets, qui ne sont donc pas neutres (au sens où il serait indifférent de choisir l'un ou l'autre).
C. Clerc a choisi préféré le simplisme à l'analyse, pensant y trouver de la clarté. Les propos de Benoît XVI sur le préservatif en Afrique sont ainsi limités dans sa compréhension à la question contraceptive, indépendamment de toute réalité épidémiologique ; la surpopulation est nécessairement la cause de la pauvreté dans le tiers-monde (et notre mode de vie occidental n'a rien à voir là-dedans). Il est à prévoir que C. Clerc va bientôt partager avec le planning familial et l'UNFPA l'idée que les problèmes écologiques sont aussi liés à la surpopulation2 et qu'il faut donc stériliser la moitié de la population mondiale. Bref, C. Clerc, mais clairement pauvre.