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TDC 112 - L'amour, soutenu par la prière est plus fort que la mort

TDC 112 - L'amour, soutenu par la prière est plus fort que la mort

Publié par Incarnare le mercredi 09/09/2009 - 21:34

1. Commentant ces semaines dernières le Cantique des Cantiques, j'ai souligné le fait que le signe sacramentel du mariage se constitue sur la base du langage du corps, que l'homme et la femme expriment dans la vérité qui leur est propre. C'est sous cet aspect que j'entends analyser aujourd'hui quelques passages du livre de Tobie.
Dans le récit des épousailles de Tobie et de Sara, nous trouvons le terme "soeur" - qui semble indiquer une nature fraternelle dans l'amour conjugal - et, de même, une autre expression, analogue, elle aussi, à celles du Cantique des Cantiques.
Vous vous en souvenez certainement, dans le duo des époux l'amour qu'ils se déclarent l'un à l'autre est "fort comme la mort" Ct 8,6. Dans le livre de Tobit, nous trouvons une phrase où il est dit qu'il aima Sara "au point de ne plus pouvoir se détacher d'elle" Tb 6,19 et qui présente une situation confirmant la vérité des paroles au sujet de l'amour "fort comme la mort"

2. Pour mieux comprendre, il faut se reporter à quelques détails qui trouvent une explication sur le fond du caractère spécifique du livre de Tobie. On y lit que Sara, fille de Ragouël, avait été précédemment "donnée comme épouse à sept maris" et que tous ceux-ci étaient morts avant de s'unir à elle. Cela était dû à l'intervention de l'esprit malin et le jeune Tobie avait raison de craindre une mort semblable.
Ainsi, l'amour de Tobie devait dès le premier moment, affronter l'épreuve de la vie et de la mort. Les paroles sur l'amour "fort comme la mort" prononcées par les époux dans le Cantique des Cantiques prennent ici un caractère d'épreuve réelle. Si l'amour se démontre fort comme la mort, cela advient surtout en ce sens que Tobie et Sara avec lui n'hésitent pas à aller au-devant de cette épreuve. Mais dans cette épreuve de la vie et de la mort, c'est la vie qui triomphe car durant la première nuit nuptiale, l'amour soutenu par la prière se révèle plus fort que la mort.

3. Cette épreuve de la vie et de la mort a également une autre signification que nous font comprendre l'amour et le mariage des nouveaux époux. En effet, en s'unissant comme mari et femme, ils se trouvent dans la situation où les forces du bien et du mal se combattent et se mesurent réciproquement. Le duo des époux du Cantique des Cantiques ne semble pas en effet percevoir cette dimension de la réalité. Les époux du Cantique des Cantiques vivent et s'expriment dans un monde idéal ou "abstrait"; comme si dans ce monde n'existait pas la lutte des forces objectives entre le bien et le mal. Ne serait-ce pas précisément la force et la vérité intérieure de l'amour qui atténuent la lutte qui se déroule en lui et autour de lui?
La plénitude de cette vérité et de cette propre force de l'amour semble toutefois être différente et tendre plutôt à mener là où nous conduit l'expérience du livre de Tobie. La vérité et la force de l'amour se manifestent dans la capacité de se placer entre les forces du bien et du mal qui luttent dans l'homme et autour de lui, car l'amour a confiance en la victoire du bien et il est prêt à tout faire pour que triomphe le bien. Par conséquent, la vérité de l'amour des époux du livre de Tobie trouve sa confirmation, non pas dans les paroles exprimées par le langage du transport amoureux comme dans le Cantique des Cantiques, mais bien dans les options et dans les actes qui assument tout le poids de l'existence humaine dans leur union à tous deux. Le langage du corps semble utiliser ici les paroles des options et des actes jaillis de l'amour qui triomphe parce qu'il prie.

4. La prière de Tobie Tb 8,5-8, qui est avant tout une prière de louange et de remerciement, puis une supplication, place le langage du corps sur le terrain des termes essentiels de la théologie du corps. C'est un langage "objectivé", pénétré moins de la force émotive de l'expérience que de la profondeur et la gravité de la vérité de l'existence elle-même.
Cette vérité, les époux la professent ensemble, à l'unisson, devant le Dieu de l'Alliance, "Dieu de nos pères". On peut dire que sous cet aspect le langage du corps devient le langage des ministres du sacrement, conscients que dans le pacte conjugal s'exprime et se réalise le mystère qui a sa source en Dieu lui-même. Leur pacte conjugal est en effet l'image et le sacrement primordial de l'Alliance de Dieu avec le genre humain - de cette Alliance qui tire son origine de l'Amour éternel.
Tobie et Sara terminent leur prière par les paroles suivantes: Fais que nous obtenions miséricorde, elle et moi, et que nous arrivions ensemble à la vieillesse" Tb 8,7
On peut admettre, en se basant sur le contexte, qu'ils ont sous les yeux la perspective de persévérer dans leur communion jusqu'à la fin de leurs jours, - perspective qui, avec l'épreuve de la vie et de la mort, s'ouvre devant eux déjà durant la première nuit nuptiale. En même temps, ils voient avec les yeux de la foi la sainteté de cette vocation dans laquelle ils doivent - par l'unité du couple construite sur la vérité réciproque du langage du corps - répondre à l'appel de Dieu lui-même, contenu dans le mystère de l'origine. Et c'est pourquoi, ils demandent: "Fais que nous obtenions miséricorde, elle et moi".

5. Les époux du Cantique des Cantiques se déclarent l'un à l'autre, avec d'ardentes paroles, leur amour humain. Les nouveaux époux du livre de Tobie demandent à Dieu la grâce de savoir répondre à l'amour. L'un et l'autre couples ont leur place dans ce qui constitue le signe sacramentel du mariage. Ils participent l'un et l'autre à la formation de ce signe.
On peut dire qu'à travers l'un et l'autre le langage du corps considéré soit selon la dimension subjective de la vérité des coeurs humains, soit selon la dimension objective de la vérité à vivre dans la communion, devient la langue de la liturgie.
La prière des nouveaux époux du livre de Tobie semble certainement le confirmer d'une manière différente de celle du Cantique des Cantiques et aussi d'une manière qui, incontestablement, émeut plus profondément.

- 27 juin 1984

 
 

 

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