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TDC 111 - Le véritable amour appelle le dépassement de soi

TDC 111 - Le véritable amour appelle le dépassement de soi

Publié par Incarnare le mercredi 09/09/2009 - 21:32

1. Nous allons réfléchir encore aujourd'hui sur le Cantique des Cantiques afin de mieux comprendre le signe sacramentel du mariage.
La vérité de l'amour proclamée par le Cantique des Cantiques ne peut être séparée du langage du corps. De la vérité de l'amour, il découle que le langage du corps lui- même est relu dans la vérité. Cette vérité est également celle du rapprochement des époux qui grandit à travers l'amour: et la proximité signifie aussi l'initiation au mystère de la personne, sans toute fois impliquer sa violation Ct 1,13-14 Ct 1,16.
La vérité de la proximité croissante des époux à travers l'amour se développe dans la dimension subjective du coeur, dans celle de l'affection et du sentiment, qui permet de découvrir l'autre en soi comme don et, en un certain sens, de le goûter en soi Ct 2,3-6
Par cette proximité, l'époux vit plus pleinement l'expérience de ce don qui, de la part de l'"ego" féminin, s'unit à l'expression et à la signification nuptiale du corps. Les paroles de l'homme Ct 7,1-8 ne contiennent pas seulement une description poétique de la bien-aimée, de sa beauté féminine sur laquelle se fixent les sens, mais parlent aussi du don et du "se donner" de la personne.
L'épouse sait qu'elle est l'objet du désir de l'époux et elle va vers lui avec la promptitude du don de soi Ct 7,9-10 Ct 7,11-13 parce que l'amour qui les unit est en même temps de nature spirituelle et de nature sensuelle. Et c'est sur la base de cet amour que se réalise la perception du corps; car l'homme et la femme doivent constituer en commun ce signe du don réciproque de soi qui met le sceau sur toute leur vie.

2. Dans le Cantique des Cantiques, le langage du corps est inséré dans le processus particulier de l'attraction mutuelle de l'homme et de la femme qu'expriment les nombreux chants du Cantique, qui parlent fréquemment de recherche pleine de nostalgie d'affectueuse sollicitude Ct 2,7 et de réciproques retrouvailles des époux Ct 5,2. Cela leur apporte joie et quiétude et semble les entraîner à une recherche continuelle. On a l'impression qu'en se rencontrant, en se rejoignant, en expérimentant leur propre voisinage, ils ne cessent de tendre vers quelque chose: ils cèdent à l'appel de quelque chose qui dépasse le contenu du moment, et qui franchit les limites de l'éros, relues dans les paroles du mutuel langage du corps Ct 1,7-8 Ct 2,17. Cette recherche a une dimension intérieure: le coeur veille même dans le sommeil. Cette aspiration née de la beauté intégrale, de la pureté absolument sans tache; c'est la recherche d'une perfection contenant, peut-on dire, la synthèse de la beauté humaine, beauté de l'âme et du corps.
Dans le Cantique des Cantiques l'éros humain révèle le visage de l'amour toujours en recherche et jamais satisfait. L'écho de cette inquiétude envahit les strophes du petit poème: "J'ai ouvert à mon bien-aimé, - mais mon bien-aimé avait disparu, il était passé! - Je l'ai cherché et ne l'ai point trouvé - je l'ai appelé et il ne m'a pas répondu" Ct 5,6 - "Je vous adjure, filles de Jérusalem - si vous trompez mon bien-aimé - que lui annoncerez vous - sinon que je suis malade d'amour? Ct 5,9

3. Donc, quelques strophes du Cantique des Cantiques présentent l'éros comme la forme de l'amour humain dans lequel opèrent les énergies du désir. Et c'est en elles que s'enracine la conscience, c'est-à-dire la certitude subjective de l'appartenance réciproque, fidèle et exclusive. Mais en même temps, un grand nombre d'autres strophes nous forcent à réfléchir sur les causes de la recherche et de l'inquiétude qui accompagnent la conscience d'appartenir l'un à l'autre. Cette inquiétude fait-elle aussi partie de la nature de l'éros? S'il en était ainsi, cette inquiétude indiquerait aussi la nécessité du dépassement de soi. La vérité de l'amour s'exprime dans la conscience de l'appartenance réciproque, fruit de l'aspiration et de la recherche mutuelles et, de même, dans la nécessité de l'aspiration et de la recherche comme résultat de l'appartenance réciproque.
Dans cette nécessité intérieure, dans cette dynamique d'amour, se révèle indirectement la quasi-impossibilité pour une personne de s'emparer, de prendre possession d'une autre personne. La personne est un être qui dépasse absolument toutes les mesures d'appropriation et de propriété, de possession et de satisfaction qui émergent du langage du corps lui-même. Si l'époux et l'épouse méditent ce langage dans la pleine vérité de la personne et de l'amour, ils parviennent à une conviction toujours plus profonde que l'ampleur de leur appartenance mutuelle constitue ce don réciproque, dans lequel l'amour se révèle "fort comme la mort" c'est-à-dire qu'il remonte jusqu'aux dernières limites du langage du corps pour les franchir. En un certains sens, la vérité de l'amour intérieur et la vérité du don réciproque appellent continuellement l'époux et l'épouse à travers les moyens d'expressions de l'appartenance réciproque et même en se détachant de ces moyens, à atteindre et parvenir à ce qui constitue le noyau même du don de personne à personne.

4. En suivant les sentiers des paroles tracés par les strophes du Cantique des Cantiques, il semble que nous approchons donc de la dimension dans laquelle l'éros cherche à s'intégrer moyennant encore une autre vérité de l'amour. Des siècles plus tard - à la lumière de la mort et de la résurrection du Christ - Paul de Tarse proclamera cette vérité dans son épître aux Corinthiens: "La charité est longanime, la charité est serviable, elle n'est pas envieuse, la charité ne fanfaronne pas, elle ne se rengorge pas, elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal, elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. La charité ne passe jamais" 1Co 13,4-8
La vérité sur l'amour exprimée dans les strophes du Cantique des Cantiques est-elle confirmée à la lumière de ces paroles de saint Paul? Dans le Cantique des Cantiques nous lisons, par exemple au sujet de l'amour, que la jalousie est "tenace comme les enfers" Ct 8,6; et dans l'épître de Paul nous lisons que "la charité n'est pas envieuse". Quel rapport existe-t-il entre ces deux expressions concernant l'amour? Quel rapport yun autre langage; l'amour qui semble émerger d'une autre dimension de la personne et appelle, invite à une autre communion. Cet amour a été désigné sous le nom d' "agapé" et l'agapé conduit l'éros à son accomplissement, en le purifiant.
Nous concluons ainsi les brèves méditations au sujet du Cantique des Cantiques que nous avons faites dans le but de mieux approfondir encore le thème du langage du corps. Dans ce cadre, le Cantique des Cantiques a une signification tout à fait particulière.

- 6 juin 1984

 
 

 

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