Inception
Pour changer, petit billet qui s'éloigne un peu de mon sujet habituel... mais sait-on jamais :) J'ai vu Inception ce soir (Note: si vous ne l'avez pas vu, ce billet risque de faire spoiler... maintenant que vous voilà prévenus, poursuivons) et je ne peux que recommander d'aller le voir !
Le scénario est simple, mais bien ficelé. L'hypothèse de base, solide : nos rêves disent un peu qui nous sommes. Dans le film, Cobb est en quelque sorte voleur (ou plutôt violeur) de rêves, puisqu'ils s'y introduit pour capturer une information que sa victime souhaiterait garder secrète. Pour aller chercher les informations les plus intimes, il va plus profond, dans les rêves dans le rêve. Il va même jusqu'à modifier ces rêves. Seule solution pour sortir du rêve ? Mourir.
La difficulté, c'est de savoir si l'on est bien reveillé, où se trouve la réalité. La vie est songe, et les songes, rien que des songes disait Calderon. C'est toujours drôle d'entendre quelques allumés rêveurs sortir du film en dissertant d'univers parallèles avec une conviction telle qu'on pourrait les croire réels.
En sortant, je me demandais : ne sommes-nous pas tentés de confondre nos rêves et la réalité ? Oh, rassurez-vous : je ne crois pas qu'aucun de nous ne fasse la confusion.. mais il n'y pas qu'endormis que nous rêvons ! Chacun de nous nourrit des rêves qui lui sont intimes, rêves d'avenir ou rêves d'un autre monde, les uns rêvent d'un enfant, les autres rêvent leurs parents, du prince charmant, ou que sais-je.
Nos rêves et nos désirs sont sans limites. Certains cherchent dans l'univers l'écho du big-bang tandis qu'il suffit de sonder le coeur de l'homme pour trouver dans son désir l'écho de l'Éternel. Nos existences peuvent parfois sembler bien pâles par rapport à l'étendue infini de nos aspirations. Mais nos rêves peuvent nous enfermer : nous créons nos rêves ; ils tournent tout entiers autour de nous.
Finalement, qu'est-ce qui fait la beauté de la réalité ? C'est peut-être justement notre finitude : alors que la puissance de notre désir peut devenir tyrannique (il suffit de regarder un visage maintes fois lifté pour y lire la douleureuse tyrannie du rêve de la jeunesse éternelle), notre finitude nous oblige à nous accepter comme des dons, à cesser de rêver à ce que nous ne sommes pas pour nous aimer tels que nous sommes. Elle nous oblige à sortir de notre rêve, à mourir.. à nous-mêmes pour nous laisser accueillir par les autres.