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Le corps comme clôture

Le corps comme clôture

Publié par Incarnare le samedi 12/05/2012 - 10:50 - Corps - Blog

La difficulté de communiquer des jeunes autistes peut laisser penser qu'ils sont incapables d'entrer en relation ; on en déduit avec facilité que leur corps est une barrière infranchissable et que la vie spirituelle leur est étrangère. Mais c'est tout l'inverse ! Céline Hoyeau publie sur ce sujet dans La Croix du week-end un excellent dossier intitulé "la vie spirituelle insoupçonnée des jeunes autistes" (abonnés)1. On y découvre que leur corps n'est pas tant une barrière qu'une clôture, qui cache une véritable monastère intérieur. 

Pas d'analyse savante de mon côté sur ce sujet que je ne connais que peu, mais un témoignage. Je suis allé en 2005 aux JMJ de Cologne en accompagnant un jeune qui, outre son autisme, est également atteint de trisomie.

 

J'avoue m'être demandé au début «l'utilité» de l'emmener aux JMJ ; son handicap me paraissait si profond qu'il semblait l'empêcher de profiter de quoi que ce soit. Et puis, il y a eu ces catéchèses spécialisées, si lumineuses, et ses tentatives de dire le Notre-Père final, toujours trop rapide, pour lui qui n'a jamais prononcé que 6 mots. Et puis, il y a eu le Saint-Sacrement.

C'était dans une église, devant laquelle il y avait un concert. Une fois parvenus à rentrer dans le narthex (ce qui ne fut pas aisé, le concert constituant pour lui un "mur sonore" quasi-infranchissable..), je fais une pause, et le retiens pour qu'il n'entre pas trop agité. Là, un prêtre que je connaissais pas, m'a dit «pourquoi le retenir, c'est une fils qui a besoin de son Père». J'ai pas compris, mais j'ai obéi et ai laissé le «fils» entrer. 

Là, dedans, il s'est assis, face au Saint-Sacrement et pendant plus d'une heure, lui, habituellement plongé dans son monde sauf en cas de stimulation sensorielle prolongée, est resté manifestement totalement 'éveillé', face à l'hostie. Je ne sais ce qui s'est passé pour lui ce jour là, c'est entre lui et son Père du ciel ; pour moi, en revanche, c'est depuis ce jour là que «Présence réelle» a un sens. 

Parfois, ce que nous percevons comme des barrières du corps sont comme la clôture d'un monastère : elles masquent une réalité, une intensité spirituelle que nous ne voyons pas de l'extérieur. Par quelques mots2, par une attitude, qui sont comme ces icônes que produisent les monastères, ils nous témoignent à leur façon de l'amour de Dieu.

Pour terminer ce billet, quelques liens :

 
 

 

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