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TDC 124 - La maitrise de soi et la continence renforcent la dignité de l'acte conjugal

TDC 124 - La maitrise de soi et la continence renforcent la dignité de l'acte conjugal

Publié par Incarnare le mercredi 09/09/2009 - 22:02

1. Conformément à ce que j'ai annoncé, nous allons entreprendre aujourd'hui l'analyse de la vertu de continence.
La continence, qui fait partie de la vertu plus générale de tempérance, consiste en la capacité de dominer, de contrôler et d'orienter les impulsions à caractère sexuel (convoitise de la chair)) et leurs conséquences dans la subjectivité psychosomatique de l'homme. En tant que disposition constante de la volonté, cette capacité mérite d'être considérée comme vertu.
Les précédentes analyses nous ont appris que la convoitise de la chair et le désir sexuel qu'elle suscite s'expriment par une pulsion spécifique dans la sphère de la réactivité somatique et, en outre, par une excitation psycho-émotive de l'impulsion sensuelle.
Pour parvenir à maîtriser cette pulsion, cette excitation, le sujet personnel doit s'engager, dans une progressive éducation, au contrôle personnel de la volonté, des sentiments, des émotions qui doit se développer à partir des gestes les plus simples à travers lesquels il est facile de traduire en acte la décision intérieure. Cela suppose évidemment la claire perception des valeurs exprimées dans la norme et, en conséquence, la maturation de solides convictions qui, si la disposition de la volonté les accompagne, donnent naissance à la vertu qui y correspond. Voilà ce qu'est précisément la vertu de continence (ou maîtrise de soi) qui se révèle comme condition fondamentale, soit pour maintenir dans la vérité le langage réciproque du corps, soit pour que les époux se trouvent "soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ" selon les paroles bibliques Ep 5,21. Cette soumission réciproque signifie la sollicitude commune pour la vérité du langage du corps; par contre, la soumission "dans la crainte du Christ" indique le don de la crainte de Dieu (don de l'esprit Saint) qui accompagne la vertu de continence.

2. Cela est très important pour une compréhension adéquate de la vertu de continence et, en particulier, de la continence périodique dont il est question dans l'encyclique Humanae Vitae. La conviction que la vertu de continence s'oppose à la convoitise de la chair est juste, mais pas absolument complète. Elle n'est pas complète, spécialement quand on tient compte du fait que cette vertu n'apparaît pas et n'agit pas de manière abstraite et donc isolément, mais toujours en liaison avec les autres (nexus virtutum) donc en liaison avec la prudence, la justice, la force et surtout avec la charité.
Il est facile de comprendre, à la lumière de ces considérations que la continence ne se contente pas d'opposer une résistance à la convoitise de la chair; grâce à cette résistance, elle s'ouvre également aux valeurs plus profondes et plus mûres inhérentes à la signification nuptiale du corps dans sa féminité et masculinité, comme également l'authentique liberté du don dans les relations réciproques des personnes. Dans la mesure où elle recherche d'abord le plaisir charnel et sensuel, la convoitise même de la chair rend, en un certain sens, l'homme aveugle et insensible aux valeurs plus profondes qui jaillissent de l'amour et qui, en même temps constituent l'amour dans la vérité intérieure qui lui est propre.

3.De cette manière se manifeste également le caractère essentiel de la chasteté conjugale dans son lien organique avec la force de l'amour qui est répandue dans le coeur des époux en même temps que la consécration du sacrement de mariage. Il est en outre évident que l'invitation directe adressée aux époux d'être "soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ" Ep 5,21 valeurs les plus profondes et les plus mûres qui vont de pair avec la signification nuptiale du corps et la véritable liberté du don.
Si la chasteté conjugale (et la chasteté en général) se manifeste d'abord comme capacité de résister à la convoitise de la chair, par la suite elle se révèle graduellement comme capacité particulière de percevoir, d'aimer et de réaliser les significations du langage du corps qui demeurent absolument inconnues à la concupiscence elle-même et qui enrichissent progressivement le dialogue des époux en le purifiant et en le simplifiant en même temps.
C'est pourquoi l'ascèse de la continence dont parle HV 21 loin d'entraîner l'appauvrissement des manifestations affectives, les rend au contraire spirituellement plus intenses et par conséquent les enrichit.

4. En analysant de cette manière la continence dans la dynamique propre à cette vertu (anthropologique, éthique et théologique), nous nous apercevons que disparaît cette apparente contradiction que l'on reproche souvent à l'encyclique Humanae Vitae et à la doctrine de l'Eglise au sujet de la morale conjugale. Selon ceux qui soulèvent cette objection, il existerait donc une contradiction entre les deux significations de l'acte conjugal, la signification unitive et la signification procréative HV 12, de sorte que, s'il n'est pas permis de les séparer, les époux se trouveraient privés du droit à l'union conjugale quand ils ne peuvent, en toute responsabilité se permettre de procréer.
Si l'on étudie à fond l'encyclique Humanae Vitae on se rend compte qu'elle donne la réponse à cette apparente contradiction. Le pape Paul VI confirme en effet que cette contradiction n'existe pas; il existe seulement parfois une difficulté provenant de la situation intérieure de l'"homme de la concupiscence". Par contre, précisément en raison de cette difficulté, c'est à l'enseignement intérieur ascétique des conjoints qu'est confié l'ordre véritable de la coexistence conjugale en vue duquel ils sont "corroborés et quasi consacrés" HV 25 par le sacrement du mariage.

5. Cet ordre de la coexistence conjugale signifie en outre l'harmonie subjective entre la paternité (responsable) et la communion personnelle, harmonie créée par la chasteté conjugale. Dans celle-ci mûrissent, en effet, les fruits intérieurs de la continence. Grâce à cette maturation intérieure, l'acte conjugal lui-même assure l'importance et la dignité qui lui sont propres dans sa signification potentiellement procréative; en même temps prennent une adéquate signification toutes les "manifestations affectives" HV 21 qui servent à exprimer la communion personnelle des époux, proportionnellement à la richesse subjective de la féminité et masculinité.

6. Conformément à l'expérience et à la tradition, l'encyclique relève que l'acte conjugal est également une manifestation d'affection HV 16; c'est une manifestation d'affection particulière parce qu'en même temps elle a une signification potentiellement procréative. Par conséquent, elle est destinée à exprimer l'union personnelle, mais pas seulement celle-ci. En même temps, en effet l'encyclique note l'existence - même si c'est de manière indirecte - de multiples manifestations d'affection, efficaces exclusivement pour exprimer l'union personnelle des conjoints.
La tâche de la chasteté conjugale et encore plus précisément celle de la continence ne consistent pas seulement à protéger l'importance et la dignité de l'acte conjugal par rapport à sa signification potentiellement procréative; elle consiste également à protéger l'importance et la dignité propres de l'acte conjugal lui-même en tant qu'exprimant l'union entre les personnes et dévoilant à la conscience et à l'expérience des époux toutes les autres manifestations d'affection possibles pour exprimer ainsi leur profonde communion.
Il s'agit en effet de ne pas porter préjudice à la communion des époux dans le cas où, pour de justes raisons, ils doivent s'abstenir de l'acte conjugal. Et il importe aussi et encore plus que cette communion construite continuellement, jour après jour, grâce à des manifestations affectives conformes, constitue pour ainsi dire un vaste terrain sur lequel, dans les conditions opportunes, mûrit la décision d'un acte conjugal moralement droit.

- 24 octobre 1984

 
 

 

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