Contre les "servantes d'assemblée"
Le problème n'est pas tant l'existence d'un service d'assemblée (tout à fait légitime) que la répartition qui conduit à identifier les garçons au service de l'autel et les filles à celui de l'assemblée. Sur ce point, aux faibles arguments théologiques en faveur de cette pratique ont succédé, une fois ces premiers démontés, des arguments pédagogiques plus faibles encore.
La liturgie revêt dans l'Eglise une puissance symbolique particulière. Comme on prie, on croît, dit le proverbe (Lex orandi, lex credendi). Cette puissance symbolique devrait être maniée avoir la plus grande précaution.
Or, servir l'assemblée et servir l'autel, c'est différent. Car le Christ et l'Eglise sont différents. Et nul baptisé ne doit être exclu du chevet du Christ, en particulier quand à la croix, il y avait (a minima) deux femmes pour un seul homme. En exclure une catégorie de baptisés relève, forcément et quand bien même ce serait accompagné d'un discours qui prétend explicitement l'inverse, une atteinte à la dignité de cette catégorie, car la force cognitive / sentimentale du symbolique précède en nous la possibilité de l'argument rationnel.
L'aube, vêtement marquant l'unique dignité des baptisés, doit être portée indistinctement par tous, et ne pas être bradée au profit d'une ridicule capeline, aussi mignonnette soit-elle. La dignité commune ne vient pas du fait d'être homme ou femme, mais d'être sauvés par le Christ.
Les garçons, en particulier et parce que l'analogie Christ-Eglise / Homme-Femme peut induire en erreur, doivent être sensibilisés au fait qu'ils ne sont pas le Christ (seul l'est le prêtre, alter Christi), mais sont appelés comme les filles à être épouses du Christ. Une séparation des sexes au service de l'autel induit une théologie où le garçon, quand il écoute le texte du bon samaritain, se voit d'abord dans le samaritain et non dans l'homme blessé ou dans celui qui passe de l'autre côté de la route ; une voie sûre vers le semi-pélagianisme.
Jean-Paul II, déjà, soulignait que le service de l'autel est un lieu d'éclosion des vocations, et pas seulement sacerdotales, mais aussi à la vie consacrée et au mariage. Benoît XVI (insoupçonnable de "genderism"), recevant les servants d'autel, saluait explicitement les servant et servantes d'autel. En 2010, la Congrégation pour le Culte Divin admonestait la CEF en l'invitant à réfléchir aux (mauvaises) raisons qui l'amenaient à laisser se développer un service d'assemblée ainsi sexué. La demande de non-différenciation n'est donc pas une demande tardive, qui serait le fait d'acteurs peu au fait de la Tradition.
Un admirateur avisé de la théologie du corps ne peut ainsi instrumenter le service d'autel au nom de la lutte contre le gender. Il devra se rappeler que Jean-Paul II explique avec une certaine insistance l'unité de nature humaine avant d'aborder sa déclinaison en deux sexes.