Langage des Signes
L'Amour se passe parfois de mots. Nous, les parlants, faisons parfois peu de cas de ces mots qui nous sont donnés pour dire l'amour. On "aime" le gâteau au chocolat et on a "adoré" Avatar. On dit "je t'aime" trop souvent pour être crédibles et trop peu pour être humains. Nous usons des mots jusqu'à les user : « paroles, paroles, paroles ». Nous, les entendants, savons finalement assez peu écouter. Et parfois nous préférons nous écouter nous-mêmes parler.
Je voulais partager avec vous cette image d'un crucifix offert par la communauté sourde de Boston à S.Em. Sean O'Malley, cardinal de l'église romaine et blogueur. Le cardinal n'a pas compris du premier coup d'oeil, mais les fidèles lui ont précisé que le Christ, souffrant sa passion, dit en langue des signes "je t'aime" (en fait I love you puisqu'il parle en ASL).
Cela m'évoque deux passages de l'écriture :
- l'image de ce centurion romain qui, après avoir mis à mort le Christ, s'est dit "vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu". Quel amour devait habiter le regard du Christ pour que, torturé, réduit à rien, défiguré, il soit transparents à l'amour du Père !
- cette parole de Jésus à Paul, que nous lirons demain : je suis Jésus le Nazaréen, que tu persécutes. Cette parole suffit à sortir Paul de sa suffisance, de son auto-justification, pour le convertir à l'Amour.
Je peux être tenté de me passer des signes, parce qu'ils sont facilement dévoyés de leur sens, parce qu'ils peuvent servir de courture identitaire, parce que tout rituel est facilement tourné en ridicule. Mais les signes, les gestes, notamment ces signes particuliers que sont les sacrements, valent mille mots.