TDC 118 - "Humanae Vitae" distingue ce qui est licite ou non pour la régulation de la fertilité
1. Nous avons dit précédemment que le principe de la morale enseignée par l'Eglise (Concile Vatican II, Paul VI) est le critère de la fidélité sur le plan divin.
Conformément à ce principe, l'encyclique Humane Vitae établit une rigoureuse distinction entre ce qui constitue la méthode moralement illicite de régulation des naissances ou, avec plus de précisions, de la régulation de la fertilité et de la méthode droite.
En premier lieu sont moralement illicites "l'interruption directe du processus de génération déjà engagé" (avortement) HV 14, la stérilisation directe et "toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans un déroulement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se proposerait comme but ou comme moyen de rendre impossible la procréation" HV 14; donc, tous les moyens contraceptifs. Par contre est moralement licite "le recours aux périodes infécondes" HV 16: "Si donc il existe, pour espacer les naissances, de sérieux motifs dus soit aux conditions physiques ou psychologiques des conjoints soit à des circonstances extérieures, l'Eglise enseigne qu'il est alors permis de tenir compte des rythmes naturels inhérents aux fonctions de la génération pour user du mariage dans les seules périodes infécondes et régler ainsi la natalité sans porter atteinte aux principes moraux (...)"HV 16
2. L'encyclique souligne tout particulièrement qu' "il existe une différence essentielle entre les deux cas" HV 16, une différence de nature éthique: "Dans le premier cas, les conjoints usent légitimement d'une disposition naturelle; dans l'autre cas, ils empêchent le déroulement des processus naturels" HV 16.
En découlent deux actions ayant une qualification éthique différente, ou même indirectement opposée: la régulation naturelle de la fertilité est moralement droite, la contraception n'est pas moralement droite. Cette différence essentielle entre les deux actions (manières d'agir) concerne leur qualification éthique intrinsèque, bien que, comme l'affirme mon prédécesseur Paul VI, "dans l'un et l'autre cas les conjoints s'accordent dans la volonté positive d'éviter l'enfant pour des raisons plausibles" et - va-t-il même jusqu'à écrire - "en cherchant à avoir l'assurance qu'il ne viendra pas" HV 16. Par ces paroles, le document admet que, même si ceux qui ont recours à des pratiques anticonceptionnelles peuvent être inspirés par des "raisons plausibles" cela ne change cependant pas la qualification morale qui se fonde sur la structure de l'acte conjugal en tant que tel.
3. A ce point, on pourrait observer que les conjoints qui recourent à la régulation naturelle de la fertilité pourraient être privés des raisons valides dont il a été question précédemment; mais cela constitue un problème éthique à part, quand il s'agit du sens moral de la "paternité et maternité responsables".
Supposant que les raisons pour décider de ne pas procréer soient moralement droites, il reste le problème moral de la manière d'agir dans un tel cas, et cela s'exprime dans un acte qui - selon la doctrine de l'Eglise transmise par l'encyclique - possède une qualification morale intrinsèque positive ou négative. La première, positive, correspond à la régulation "naturelle" de la fertilité; la seconde, négative, correspond à la "contraception artificielle".
4. Toute l'argumentation précédente se trouve résumée dans l'exposé de la doctrine contenue dans Humanae Vitae, qui en souligne le caractère à la fois normatif et pastoral. Quant à la dimension normative, il s'agit de préciser et d'éclairer les principes moraux de l'agir; pour la dimension pastorale, il s'agit surtout de définir la possibilité d'agir selon ces principes ("possibilité de l'observance de la loi divine" HV 20
Nous devons insister sur l'interprétation du contenu de l'encyclique. Dans ce but, il importe de considérer ce contenu, cet ensemble normatif et pastoral, à la lumière de la théologie du corps telle qu'elle ressort de l'analyse des textes bibliques.
5. La théologie du corps n'est pas tellement une théorie, mais plutôt une pédagogie du corps, spécifique, évangélique et chrétienne. Cela découle du caractère de la Bible et surtout de l'Evangile qui, en tant que message salvifique, révèle ce qui est le vrai bien de l'homme, afin de modeler - en vue de ce bien - la vie sur la terre dans la perspective de l'espérance du monde futur.
L'encyclique Humanae Vitae, suivant cette ligne, répond aux exigences du vrai bien de l'homme en tant que personne, comme être masculin et féminin; elle répond aussi à ce qui correspond à la dignité de l'homme et de la femme, quand il s'agit de l'important problème de la transmission de la vie dans la coexistence conjugale.
A ce problème nous consacrerons prochainement de nouvelles réflexions.
- 8 août 1984