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La théologie du corps ne sauvera pas l'Eglise (aujourd'hui)

La théologie du corps ne sauvera pas l'Eglise (aujourd'hui)

1 an après la remise du rapport de la CIASE, nous découvrons stupéfaits qu'un évêque était concomitamment limogé pour “abus spirituel à des fins sexuelles" et que certains de ses confrères ont passé sous silence la cause réelle de sa mise à la retraité anticipée. Que manque-t-il à l'Eglise pour sortir du marais où elle semble embourbée ?

Un an s'est passé, et rien n'a changé. Dans les textes du jour, le vigneron obtient de son maître un sursis d'un an pour un figuier qui n'a produit aucun fruit les trois années précédentes. Dieu est patient mais il ne s'agit pas d'oublier que sa patience n'est pas un appel silencieux à l'inaction : « chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait ».

Une crise de la gouvernance

Dans l'Eglise comme dans les entreprises, c'est par omission que pèchent principalement les gouvernants, ceci parce que leur tâche requiert plus particulièrement les vertus de force et de justice et que c'est ainsi que leur manque se manifeste.

Prendre la parole en premier, assumer une parole libre et motivée seulement par le souci de la vérité comme charité due aux petits (et non pour se mettre en avant) n'est pas facile, face au silence des cent autres dont le consensus dans la réserve pèse lourd. Mais le psaume du jour ne nous dit-il pas que c'est là où est « le siège du droit » qu'est la maison du Seigneur ? 

Car c'est bien de cela qu'a besoin notre Eglise aujourd'hui : d'hommes capables de combattre pour la justice et la vérité, par charité pour les victimes ; pas d'une théologie exacte à la virgule près. Peut-être est-ce trop attendre d'un collège épiscopal fait à 80% d'anciens professeurs de séminaire ?

Et la théologie du corps, dans tout cela ?

La crise que nous vivons est ainsi d'abord une crise de gouvernance. Pas seulement depuis un an, mais depuis 70 ans que le rapport de la CIASE documente méthodiquement. Il y a toujours eu, et il y aura toujours, dans le ministère - comme ailleurs - de pauvres types dont la psychologie bancale et l'éducation insuffisante ouvrent un peu plus la porte à cette soif de domination que menace (dans) le coeur de chaque personne. Le scandale est l'abstention des gouvernants lorsque des faits parviennent à leur connaissance. 

Alors, non, n'en déplaise à la rédactrice en chef de La Croix qui semble bien pressée de jeter l'oeuvre de Jean-Paul II avec l'eau du kärcher que mérite la Conférence des évêques de France, la théologie du corps n'a rien à voir là-dedans. Il faut donc en déduire aussi qu'elle ne sera pas non plus à elle seule la solution de cette crise.

Comme la politique, la théologie peut n'être qu'un discours et elle y perd alors tout son sens. Que pèsent les "nous pensons d'abord aux victimes" répétés comme des éléments de langage quand manifestement, on n'a pas suffisamment au coeur l'amour réel de victimes réelles pour leur rendre justice en rendant publique la condamnation de l'abuseur ?

En exergue de ce blog, il n'y a pas « un discours catholique sur l'amour et la sexualité », mais « un regard catholique sur l'amour et la sexualité ». Un discours se répète (à peu près), se traduit (mal), mais nul ne peut falsifier un regard, on peut juste laisser convertir le nôtre. Les abus ne cesseront pas par magie quand la théologie du corps sera (enfin) vraiment enseignée dans l'Eglise ; la gouvernance restera nécessaire.

Ainsi la théologie du corps ne sauvera pas l'Eglise (aujourd'hui), mais elle pourrait bien contribuer à sauver l'Eglise au sens où elle peut contribuer à votre salut, si vous choisissez de travailler votre regard à l'aune de ces discours qui, loin d'être idéalisants ou théoriques, rentrent en profondeur dans le mystère de notre sexualité, avec ses beautés comme ses failles.

 
 

 

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Car tous ont péché...

La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).