hommes et femmes, mauvaise donne ?
Les Semaines Sociales de France ont fait, cette année, le point sur les relations hommes-femmes, avec un bilan en demi-teinte...
Si Brigitte Grésy, inspectrice à l'IGAS, a commencé par rappeler que le nombre de femmes cadres avait augmenté de 136% en 20 ans, et que peu de métiers sont aujourd'hui complètement fermés au plus persévérantes, elles semblent touefois encore aujourd'hui "limitées au 20%" (de présence dans les CA des grandes entreprises, par exemple), les enquêtes montrant également que la répartition du soin des enfants entre pères et mères a évolué.. de 10min par jour dans la même période. Et l'inspectrice de conclure : "la culture française de présentéisme au travail fait plus de tort à la société que l'absentéisme".
C'est donc tout un mode de vie sociale qu'il faut réinterroger. Viviane Reding, vice-précisente de la Commission Européenne, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'égalité homme-femme, Laurence Laigot de la CFDT et Benoît Roger-Vasselin, DRH de Publicis et représentant le MEDEF, ont ensuite évoqué les dispositifs visant à établir l'égalité dans les domaines du travail, de la vie familiale, etc. suggérant tour à tour des réformes du congé parental, des mesures de représentativité des femmes dans les instances de décision comme dans les instances représentatives du personnel.
Ce volontarisme législatif, s'il est nécessaire et honore ses promoteurs, n'a que des effets limités s'il ne permet pas un vrai changement culturel ; ce changement, Antoine de Gabrielli, fondateur de Mercredi C Papa rencontré lors des #SSF, l'appelle de ses voeux et propose aux hommes de réfléchir et d'échanger sujet le sujet, pour prendre des dispositions simples mais concrètes (pas de réunion après 18h, etc.). Vu l'absence assourdissante de l'égalité H/F dans les études sur les préoccupations des managers, il a du travail !
Si la majorité des intervenants sont restés dans le champs de l'analyse sociale, Sylviane Agacinski a fait une intervention très remarquée sur la différence homme-femme. La philosophe a montré que, si une certaine insistance sur le rôle de la femme a pu servir par le passé la cause de l'égalité, cette insistance portait la tentation de la suppression de la différence sexuelle, qui mène finalement à une exploitation plus grande des femmes, par exemple dans la GPA. Elle a ainsi appelé à redécouvrir le donné de l'altérité homme-femme, sans insister sur une nature propre à chaque sexe, mais en interrogeant simplement la fécondité de cette polarité.
Découvrez ci-dessous les vidéos des conférences des Semaines Sociales :
Hasard du calendrier ou non, ce dimanche était aussi la Journée Mondiale de Lutte contre les Violences Faites aux Femmes
A cette occasion, France 2 diffusait un film intitulé "Viol, elles se manifestent", témoignage de 6 femmes ayant subi des violences sexuelles, à voir absolument si vous l'avez manqué lors de sa diffusion :
Le Nouvel Obs nous apprend que ces violences expliquent 23% des avortements.
Marie Derain, défenseure des enfants, expliquait dimanche aux Semaines Sociales comment les représentations dégradantes - ou dramatiquement idéalisées - des femmes dans les médias (presse et télévision) représentait un risque majeur pour le développement de la sexualité des enfants et adolescents. Voir aussi cette vidéo canadienne qui évoque les dangers de la pornographie.
L'urgence d'une guérison
C'est en regardant ce film que j'ai compris pourquoi j'étais resté sur ma faim durant ce week-end #SSF.
Se cantonnant dans une analyse sociale (par ailleurs intéressante), aucun intervenant1 n'a évoqué le rapport homme-femme comme ce lieu qui, parce qu'il est appelé à refléter particulièrement la relation que Dieu veut avec l'Homme, est particulièrement attaqué et, de fait, particulièrement blessé. Si tous ont évoqué une "chasse au stéréotype", aucun n'a évoqué un besoin de conversion au profondeur, de guérison du rapport au corps et à l'altérité.
Cette guérison, montre le film de France 2, est particulièrement urgente. Jean-Paul II le disait déjà le 8 octobre 1980 (cf. TDC 043) :
Par sa nature, la vie humaine est "coéducative", et sa dignité et son équilibre dépendent, à chaque moment de l'histoire, à chaque longitude et à chaque latitude géographique, de "celle" qui existera pour lui et de "celui" qui existera pour elle.
Il faut un peu de foi pour croire résolument que la relation homme-femme n'est pas une "mauvaise donne", pour croire qu'une nouvelle donne, une rédemption, est possible.
- 1. ou presque, Sylviane Agacinski s'en étant approché