La Théologie du Corps, véritable "Théologie de l'Amour Humain" pour Mgr Laffitte
Dans une interview accordée cet été à Catholic News Agency1, Mgr Lafitte, secrétaire du Conseil Pontifical pour la Famille, avertit contre la tentation de limiter l'enseignement du bienheureux Jean-Paul II sur l'amour humain à la seule sexualité.
Qualifiant la série de catéchèses du Pape de "corpus doctrinal très, très important", l'évêque rappelle que le titre original du recueil les rassemblant est "Catechesi sull’Amore Umano", soit Catéchèses sur l'Amour Humain.
Ces enseignements ont été popularisés dans le monde anglosaxon (et sur ce blog) sous le nom de "Théologie du Corps". Est-ce une erreur ? Non, répond le prélat, avant d'inviter toutefois à adopter un regard plus large2 :
Le problème est si l'on se concentre uniquement sur la sexualité, on ne peut se développer au-delà, réaliser que une telle beauté est un don, un don fait à l'humanité par son Créateur, mais qui s'inscrit dans un contexte plus large.
Nous sommes attirés vers la beauté de la sexualité et du corps humain parce ce qu'ils sont beaux et vrais.
Cet attrait peut devenir problématique, en revanche, si l'on regarde la sexualité humaine avec un regard mystique. Le Pape Jean-Paul II n'a jamais promu une forme de sexualité mystique. Ce que le Bienheureux Pontife a en revanche affirmé, c'est que la sexualité a une dimension et une perspective mystiques.[...]
Quand le Pape Jean-Paul II parle du corps, il est crucial de comprendre qu'il parle d'un corps animé, du corps d'une personne. L'union de deux personnes est un événement personnel et la relation sexuelle entre les époux est un événement spirituel, un don mutuel, et pas seulement un événement biologique. Le désir qu'il évoque n'est pas celui d'être uni à n'importe qui, mais cette personne particulière : mon mari, ma femme.
Cet enseignement de l'Eglise n'est pas simple savoir, mais une pédagogie. Sa transmission doit être de l'ordre de l'éveil à une relation. Mgr Laffitte continue :
Il y a un grand danger, qui est de vulgariser une vérité de la foi qui doit au contraire être contemplée. Le faire nécessite de faire le silence. Parfois, en lisant les Catéchèses du Bienheureux Jean-Paul II, vous lisez seulement une demi-page et vous devez vous arrêter... Vous ne pouvez pas continuer... parce que cette demi-page provoque en vous une méditation reconnaissante de ce que Dieu a fait. Vous entrez dans le mystère...
Le problème n'est donc pas dans la formulation, mais dans le respect de ce mystère. Il est essentiel de présenter ces enseignements avec révérence, en laissant l'espace à la méditation et au silence. Il s'agit d'un effort vers une éducation véritable, pas d'une simple transmission de connaissances.