Cliché de Dieu, clichés sur Dieu
Depuis quelques jours est exposé le Linceul de Turin. Comme toujours dans ces cas-là, resurgissent les sempiternels débats sur son authenticité et sa datation. Benoît XVI a pris le parti de qualifier le Suaire d'« icône » et non de relique : je crois que c'est salutaire.
Salutaire parce qu'il nous permet ainsi de sortir de la vénération de l'objet pour lui-même, pour atteindre une profondeur plus grande. Quand nous apprécions une photo (pour les plus âgés esthètes, un polaroïde), apprécions-nous le papier ? l'image ? ou la manière dont l'image fait revivre en nous tel ou tel moment, et nous rappelle, à nous qui pouvons facilement oublier, idéaliser, dévaloriser, ce qui a été ?
Nombreux sont nos clichés sur Dieu. Chacun de nous a les siens. Tantôt c'est le Dieu-juge, ou Dieu-comptable, qui vous attend au détour , prêt à condamner vos écarts ; tantôt c'est le Christ-grand-maître-spirituel, à qui on fait subir la technique du piédestal (si, si vous connaissez : quand vous mettez quelqu'un au Panthéon pour ne surtout pas écouter ce qu'ils disent vraiment).. Le Suaire offre un cliché de Dieu, le Christ crucifié par la folie des hommes.
Méditer sur cette image, ce n'est pas faire preuve de dolorisme. Ce n'est pas faire dans l'autoflagellation. C'est voir l'Amour dans le don concret de sa vie à ses amis1. C'est essayer de discerner un Dieu qui se fait proche de chacun, qui a soif de chacun de nous... et que nous rejettons souvent parce que nous lui préférons un Dieu-hollywoodien, ou bien un Dieu-justificier-politique, ou bien...
Après avoir prié devant le Suaire, Benoît XVI s'est adressé aux jeunes pour les appeler à devenir, à leur tour, icônes2: « Le Saint-Suaire est pour vous une invitation à imprimer dans vos esprits le visage de l'amour de Dieu, pour devenir vous-même, dans votre environnement, avec vos pairs, une expression fidèle du visage du Christ.»
- 1. Pour plus d'info, je vous recommande un bon livre
- 2. Traduction approximative