Amour éternel ou vocation-cheptel ?
Il y a une manière de prier pour les vocations que je n'aime pas. C'est le « donnez-nous des prêtres, donnez-nous de saints prêtres » ; ce que j'appelle la "Vocation-RH", qui cherche à remplir des postes, à "faire tourner" l'institution.
L'objectif d'un recruteur, quand bien même il rencontre de nombreuses personnes pour ce faire, est avant tout le poste qu'il doit attribuer ; un directeur des vocations, à l'inverse, est face à un candidat qui doit discerner, non sa capacité à assumer des fonctions, mais l'expression de sa vocation propre.
L'ennui quand on prie en recruteur, quand on réclame un stock de prêtres, religieuses et religieux, c'est qu'on ne se prépare pas à accueillir une vocation qui pourrait émerger près de soi, dans sa famille... ou pour soi-même.
Et puis, les postes à attribuer dépendent de l'institution, qui est humaine. Prier pour un cheptel de prêtres, c'est risquer de projeter notre vision sur la volonté de Dieu, car après tout la baisse des vocations sacerdotales pourrait1 aussi bien être une invitation à dépasser la logique géographique de guichet de notre église, avec un clocher par village2.
Finalement, une manière juste de prier pour les vocations consiste peut-être à simplement à demander que chacun trouve au fond de lui-même son identité profonde, résonance de l'appel de Dieu, écho de l'Amour éternel.
- 1. je ne m'engage pas, ne prétendant pas plus connaître la volonté divine
- 2. logique qui est le résultat d'une "conquête" de l'espace religieux français dont Mgr Rouet, dans son livre, montre bien qu'elle a été aussi superficielle que facile