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L'histoire du Salut

L'histoire du Salut

Publié par Incarnare le mardi 08/12/2009 - 11:41 - Blog

Il y a de nombreuses façons d'annoncer la Bonne Nouvelle. L'une d'elle, particulièrement, m'interpelle toujours, tant j'ai des doutes quant à son efficacité : c'est celle qui consiste à proclamer au nez de quelqu'un sans préliminaire aucun : «Jésus t'aime ; il est mort pour toi»1. Le néophyte2 se surprend à demander : "Mais pourquoi donc faudrait-il que quelqu'un meure pour moi, d'abord ?". Si vous êtes dans ce cas, alors je vous conseille de profiter de ce temps de l'Avent pour lire un peu la Bible : l'Eglise passe en revue ces jours-ci toute l'histoire du Salut ! Profitez-en : quatre semaine pour comprendre tout ce que l'Eglise proclame, c'est pas cher payé, si ?

Aujourd'hui, 8 décembre, on parle beaucoup de Marie, et de son rapport avec Ève. Sauf que disserter là-dessus3 n'a absolument aucun intérêt tant qu'on a pas compris ce qui se cache derrière (ou plutôt ce qui est révélé par là) : l'histoire du Salut.

 

1ère étape : la création

Aujourd'hui donc, c'est la seconde lecture qui nous rappelle le plan originel de Dieu4. Ce plan est positif pour nous : Dieu nous a fait bons et Il nous destinait à partager avec Lui ce pur bonheur qu'est la Vie divine.

Ephés. 1,3-6.11-12. Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Dans les cieux, il nous a comblés de sa bénédiction spirituelle en Jésus Christ. En lui, il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l'amour, saints et irréprochables sous son regard.
Il nous a d'avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ : voilà ce qu'il a voulu dans sa bienveillance, à la louange de sa gloire, de cette grâce dont il nous a comblés en son Fils bien-aimé, En lui, Dieu nous a d'avance destinés à devenir son peuple ; car lui, qui réalise tout ce qu'il a décidé, il a voulu que nous soyons ceux qui d'avance avaient espéré dans le Christ, à la louange de sa gloire.

Assez cool, hein ? sauf que...

2ème étape : rupture d'alliance

Sauf que, Il a voulu tellement tout nous donner qu'Il nous a donné la liberté. Ce qui est une bonne chose, convenons-en. Le truc, c'est qu'on s'est mis à préférer notre liberté et notre indépendance que notre relation avec Lui. On a préféré le Don au Donateur. Je me dis souvent que ce serait plus facile si j'étais le seul maître à bord : l'enfer, c'est les autres, non ? Non, l'enfer, c'est l'amour de soi jusqu'au mépris des autres. Et quand on réalise qu'on s'est planté ("j'ai pris peur"), plutôt que de reconnaître son erreur, on préfère accuser les autres (en premier lieu, les femmes5). C'est ce que raconte la première lecture :

Gn 3,9-15.20. Le Seigneur Dieu appela l'homme et lui dit : « Où es-tu donc ? » L'homme répondit : « Je t'ai entendu dans le jardin, j'ai pris peur parce que je suis nu6, et je me suis caché. » Le Seigneur reprit : « Qui donc t'a dit que tu étais nu ? Je t'avais interdit de manger du fruit de l'arbre ; en aurais-tu mangé ? » L'homme répondit : « La femme que tu m'as donnée, c'est elle qui m'a donné du fruit de l'arbre, et j'en ai mangé. » Le Seigneur Dieu dit à la femme : « Qu'as-tu fait là ? » La femme répondit : « Le serpent m'a trompée, et j'ai mangé. »
Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai une hostilité entre la femme et toi, entre sa descendance et ta descendance : sa descendance te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. » L'homme appela sa femme Ève (c'est-à-dire : la vivante), parce qu'elle fut la mère de tous les vivants.

On oublie souvent (parce qu'on s'arrête à ce verset sans regarder la suite) que c'est ici que naissent la mort, le travail (eh oui, pas étonnant que ce soit déplaisant), la fêlure qui distord notre vision du monde et nous fait douter de la bonté du Créateur.

3ème étape : Dieu nous cherche

J'ai rompu l'Alliance avec Dieu en voulant faire ma vie tout seul dans mon coin, en voulant être le centre de mon propre univers. Le truc, c'est que Dieu nous aime [parce qu'il voit encore en nous la beauté qu'il y a mise au jour de notre création], et est convaincu qu'on gagnerait à vivre avec lui. Pas que ça changerait grand chose à son état à Lui, mais Il est plutôt altruiste, Dieu. 

Donc, au cours des temps, Il essaie à de nombreuses reprises de renouer une alliance avec les hommes, en lui pardonnant les fois où il se plante.

Ps 98(97),1-4.6. Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante, il s'est assuré la victoire.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ;
il s'est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d'Israël ;
la terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu.

Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez ;
au son de la trompette et du cor, acclamez votre roi, le Seigneur !

Ca vaut bien le coup de le chanter, non ? Le psaume reprend effectivement cette fidélité, mais annonce aussi quelque chose qui n'est pas encore arrivé au jour où il a été écrit : vient un temps où la victoire de Dieu (c'est à dire notre bonheur) sera totale. Ce temps est un temps historique (on n'est pas dans le concept, mais dans la réalité concrète de notre humanité) que les prophètes de la Bible annoncent.

4ème étape : Fiat à l'Incarnation !

Ce temps arrive... Dieu, voyant que nous, hommes, continuons toujours de douter qu'il est possible d'aimer vraiment et que nous en soyons capables, se dit qu'il va faire un truc incroyable : il va se faire Homme ! Comme ça, il nous montre clairement deux choses : la première, c'est que la condition d'homme est réellement positive, est vraiment à l'image de Dieu. La seconde, c'est que l'amour vrai existe et qu'il consiste à donner sa vie, à se donner soi-même : c'est ce que montre la crucifixion, où Dieu respecte à ce point notre libre-arbitre qu'il accepte de se faire crucifier plutôt que d'aller contre7.

Mais pour prendre cette décision de sceller une alliance définitive et indélibile avec les hommes, Dieu va -comble de l'humilité !- demander l'autorisation de l'humanité. En l'espèce, d'une femme particulière, Marie, que l'Eglise vénère depuis 2 000 ans pour avoir su dire "oui, fiat " à Dieu alors que depuis des millénaires nous n'avons su lui dire que non8. Ce "oui" permet à Dieu d'entamer une oeuvre de re-création que chantait le psaume par anticipation.

Lc 1,26-38. Au sixième mois d'Elisabeth, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph9 ; et le nom de la jeune fille était Marie. L'ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. »10
A cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L'ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. »
Marie dit à l'ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » L'ange lui répondit : « L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu'Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu'on l'appelait : 'la femme stérile'. Car rien n'est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. » Alors l'ange la quitta.

(Extraits de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris)

  • 1. évangélisation version ultra-évangélique
  • 2. et pas que lui ! J'ai vu des chrétiens de longue date apporter des réponses plus ou moins farfelues à la question qui suit
  • 3. et puisque j'ai vu la paille chez nos frères évangéliques, voyons la poutre dans mon oeil bien catholique : on a (parfois) tendance à en faire des tonnes sur Marie, les Saints, la morale, les rites, etc. qu'on en oublie de parler de Jésus !
  • 4. pour une lecture qui met cela en lien avec le corps et la sexualité, suivez le lien
  • 5. pour qu'il y ait moins de mécontents, il faut toujours taper sur les mêmes
  • 6. là aussi, pour une vision de ça en lien avec le corps et la sexualité, suivez le lien
  • 7. c'est le "Jésus est mort pour toi" dont je parlais au début
  • 8. on reconnaît, en fait, non pas une sur-humanité ou une supernaturalité de Marie, mais le fait qu'elle a sans doute reçu un coup de pouce de Dieu pour l'aider à dire oui : elle était "comblée de grâces"
  • 9. notez la précision temporelle:  on est bien dans l'Histoire
  • 10. autant il est peu probable que l'ange nous aurait tous dits 'comblés de grâce', autant il nous dit clairement à chacun 'le Seigneur est avec toi

 
 

 
 

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La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).